Le retour de Caster Semenya : favorite des JO et bombe à retardement DÉBAT | La coureuse de 800 m sud-africaine Caster Semenya est de retour et prête à pulvériser la concurrence à Rio. Mais ceux qui ont suivi sa carrière de près craignent que son succès réveille les désagréables débats du passé. Le texte ci-dessous est la traduction d’un article paru le 29 juillet sur le site du quotidien britannique « The Guardian ». Il est de la plume de Donald McRay.

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« C’est une bombe à retardement », dit calmement Daniel Mothowagae à Johannesbourg (RSA), anticipant la fureur qui a de bonnes chances d’exploser lorsque Caster Semenya va courir aux Jeux olympiques. Vainqueur quasi certaine du 800 m féminin à Rio, Semenya va de nouveau souffrir en tant que personnification de la complexe question du genre en sport.

Une heure plus tôt, Mothowagae a rendu son article pour la dernière édition du Sowetan Newspaper. La journée avait été occupée avec l’annonce de l’équipe olympique sud-africaine et, même s’il se détendait au fil de notre conversation, son inquiétude était évidente. Après un mois passé à interviewer insiders et experts, je comprends ce que ça veut dire. Le féroce débat d’opinions m’a fait tourner la tête. La façon même dont les gens décrivent Semenya est terriblement variée.

Mothowagae, qui est proche de Semenya et qui l’apprécie, dit en toute innocence : « Caster est juste un garçon manqué ». Son collègue journaliste sportif, Wesley Botton, qui a suivi Semenya de plus près que n’importe quel autre reporter depuis sa victoire surprise aux Mondiaux de Berlin en 2009, déplore le fait qu’« elle soit devenue le symbole de l’hyper-androgynie ». Jean Vester, le coach de l’athlète, souligne que « Caster est un être humain fantastique, une personne terre-à-terre et une athlète d’exception qui est comme une mère pour plusieurs des filles du groupe ». Pendant ce temps, Ross Tucker, l’éminent scientifique du sport sud-africain, regrette la personnification de l’hyper-androgynie, mais dit « redouter les JO, parce que Semenya va gagner et les conséquences seront profondément déplaisantes ».

Record du monde à Rio ?

Ces commentateurs sud-africains de différents horizons ont une conviction commune. Ils croient tous que Semenya est sur le point de libérer son immense potentiel et pulvériser un record du monde qui tient depuis 33 ans. Mais ils sont aussi d’accord sur le fait que l’athlète devra faire face à une attention invasive sur sa personne – et ce même si ce n’est un secret pour personne que trois des finalistes olympiques sur 800 m pourraient être des athlètes intersexes. Vester, le coach de course le plus reconnu d’Afrique du Sud admet : « Je fais tout pour protéger Caster ».

Le débat autour de l’hyper-androgynie et aussi émotionnel que compliqué. En le résumant de manière simple, il pose la question des droits à protéger en priorité : faut-il protéger comme c’est actuellement le cas les droits humains de la petite minorité de femmes dont le corps produit un taux anormalement élevé de testostérone les catégorisant d’athlètes intersexes, les laissant concourir sans médicament réduisant leur taux ? Ou devrait-on protéger l’immense majorité de femmes pour qu’elles ne subissent pas le désavantage de devoir concourir face à des athlètes intersexes plus fortes qu’elles ?

Torture psychologique

« Nous avons tous un avis différent », dit Mothowagae, « mais pour moi, c’est un cas limite. Caster a le droit de concourir. La Cour arbitrale du sport a tranché ». En juin 2015, la Cour arbitrale du sport (CAS) a invalidé le règlement de l’IAAF établi en 2011 qui limitait le taux de testostérone des femmes. Elle a également suspendu pour 2 ans la réglementation sur l’hyper-androgynie.

« Caster me dit toujours que tant que les règles lui permettront de s’aligner en compétition, elle sera là », dit Mothowagae. « Rio testera combien les juges ont appris du calvaire qu’elle a vécu aux Mondiaux 2009. Si Caster a pu survivre à ça à 18 ans, elle pourra y faire face à 25. Elle est brave et peut regarder le monde en face. Mais les responsables ne semblent pas avoir de stratégie malgré le fait qu’ils savent qu’elle sera à nouveau insultée. Elle a déjà souffert de torture psychologique, mais les choses sont en train d’augmenter encore. Le bombe est prête à exploser ».

Forme éblouissante

 Tout a été accéléré par la forme éblouissante de Semenya. Après avoir été plongée dans le marasme la plus grande partie de la période où elle devait prendre des médicaments pour abaisser son taux de testostérone, avec d’autres facteurs nuisant à son niveau, Semenya a produit des performances incroyables en 2016. Elle a remporté le 400 m, le 800 m et le 1500 m de façon impériale en un après-midi inoubliable aux Championnats d’Afrique du Sud en avril et, ce mois-ci, vient de courir en 1’55″33 à Monaco. Meilleur chrono mondial depuis 2008.

« Elle est la preuve du bénéfice de la testostérone pour les athlètes intersexes », argumente le scientifique Tucker. J’ai cependant parlé avec des gens qui donnent d’autres raisons, plus personnelles, pour la forme actuelle de Semenya. Botton se rappelle de sa première grosse performance en juillet 2009 à l’Ile Maurice. « Elle est arrivée de nulle part et a couru 1″56. J’ai essayé de la contacter et me souviens d’avoir été très troublé. Elle a une voix tellement grave, en particulier au téléphone, j’ai cru que je parlais à un homme. Je l’ai « Googlée » et toutes les informations sont arrivées. Jusque-là je n’avais aucune idée. Il y avait des blogs qui disaient [à tort] qu’elle était hermaphrodite. Je me souviens juste que la première interview a été compliquée, parce que, en plus d’être jeune, elle était très timide ».

L’adolescente était-elle surprise par son chrono ? «  Non. Elle savait qu’elle était capable de ça. Caster court toujours en-dedans jusqu’au grand championnat. C’est seulement alors qu’elle y va à fond ».

Le traumatisme de Berlin

A Berlin, elle y est allée à fond et est devenue championne du monde en août 2009 en 1’55″45. L’IAAF avait déjà communiqué le jour précédant que l’arrivée brutale de Semenya sur le devant de la scène n’avait rien à voir avec le dopage et qu’elle avait déjà été soumise à des « tests de vérification du genre » en Afrique et en Allemagne. Un endocrinologiste, un gynécologue et un psychologue avaient tenté d’établir si Semenya, qui avait vécu toute sa vie comme une fille, était en fait un garçon. Elle a reçu l’autorisation de concourir en finale, après que l’IAAF a indiqué que d’autres testes suivraient.

Une autre finaliste du 800 m, l’Italienne Elisa Cusma, s’en était prise à la championne silencieuse : « C’est un homme ». La Fédération sud-africaine avait quant à elle accusé l’IAAF de racisme. « On m’a dit qu’ils avaient pris la décision de la retirer avant les séries », dit Botton, « mais les politiciens l’ont obligée à courir. Ils voulaient la médaille. Elle est devenue la première noire sud-africaine à gagner un titre mondial en athlétisme. Alors ils ont jeté Caster aux loups ».

Ockert de Villiers, aujourd’hui rédacteur en chef des sports du Star de Johannesbourg, se rappelle : « En 2009, je travaillais pour un Tabloïd appelé Sondag et ils ont pris un mauvais angle avec Caster. Ils l’ont appelée un ‘trassie’, travesti dans notre langue. Ce qui est complétement faux quand on connaît la situation de Caster ».

Botton est marqué par d’autres souvenirs : « Caster avait besoin d’aide et elle a été approchée par des personnes en qui elle n’aurait pas dû avoir confiance. Quelqu’un a vendu un article où elle était habillée dans une robe. Caster ne porte jamais de robe. C’était tellement bizarre, Caster a déraillé. Les années suivantes, ses performances ont chuté. C’était lié à une multitude de facteurs et pas seulement aux médicaments. Elle a quitté son ancien coach Michael Seme et, apparemment, faisait beaucoup la fête à Pretoria. Michael dit qu’elle passait plus de temps avec sa copine qu’à l’entraînement. »

Reconstruction

« Ensuite, elle est allée chez Maria Mutola [l’ancienne championne olympique mozambicaine] et a gagné l’argent aux Jeux de Londres. Mais Mutola avait des problèmes de business au Mozambique et s’est retirée [ ?]. Les choses ont évolué dans le bon sens quand elle est allée à Potch avec Jean Vester ».

Potchefstroom est à un peu plus de 100 km de Johannesbourg. Mais c’est comme un autre monde. C’est une petite ville universitaire et un centre d’entraînement idéal pour les athlètes internationaux. Le causant et intelligent Vester m’a parlé de son travail passé avec Kelly Holmes ou l’équipe d’Espagne championne du monde de foot. Il m’a aussi expliqué sa rencontre avec Semenya.

« En octobre 2014, Semenya m’a appelé pour demander si elle pouvait rejoindre notre groupe. J’ai dit : ‘pas de problème’, mais je ne savais pas à quoi m’attendre. J’avais lu des choses sur sa blessure au genou et c’était dur de la voir au plus bas en 2013 et 2014. Elle boitait en courant. Elle était trop lourde et vivait une période très difficile. Ça a été une surprise qu’elle m’appelle, mais aussi un plaisir. J’ai été épaté par la personne qu’elle est. Elle a amené une nouvelle dynamique dans le groupe – toujours prête à sourire et à rigoler alors même qu’elle n’était pas du tout en forme. Avec Caster, ça été un long et périlleux parcours pour retrouver la santé et la forme ».

Vester a transformé Semenya. L’athlète qui a été brûlée si violemment a semblé se transformer. « Lorsqu’on a vu Caster pour la première fois après qu’elle soit partie pour Potch, elle semblait plus fine et plus fit et… elle souriait », se rappelle Botton. « Je ne l’avais pas vu sourire depuis très longtemps. Elle n’était plus du tout violente et abrasive. Avant, elle pouvait être agressive, jurer. Je ne le prenais pas mal parce que je savais par quoi elle était passée. Mais depuis qu’elle est avec Jean, elle semble libérée ».

Retour en piste

Le 27 juillet 2015, Semenya est libérée à nouveau quand Dutee Chand (IND) gagne son procès devant le CAS. La sprinteuse indienne de 19 ans obtient le droit de concourir suite à l’argumentation de ses avocats dans le sens que son exclusion sur la base de tests reposant avant tout sur les niveaux de testostérone était discriminatoire. Toutes les réglementations autour de l’hyper-androgynie sont alors suspendues jusqu’en juillet 2017. Semenya est libre de courir à nouveau sans médicaments.

Lorsque j’ai suggéré à Vester que Semenya avait sûrement été boostée psychologiquement, il a insisté : « Non, non. Pour être honnête, elle n’était même pas au courant de ce procès. Elle est très appliquée dans ses études, elle étudie le sport à l’Université de Potch et avait surtout la tête à ça ».

Vester veut protéger Semenya et son hésitation à évoquer publiquement son statut intersexe est compréhensible. Marjolaine Viret, avocate basée en Suisse et qui connait bien la CAS ajoute : « Pour légiférer sur quelque chose de si complexe, vous devez trouver une forme de compromis et dans ces domaines liés à la science, c’est difficile de trouver le bon équilibre ». « Dans le cas de Dutee Chand, on en est arrivé à la question de savoir si la règle de l’IAAF avait une base scientifique assez solide. La CAS a défini comme facteur crucial de savoir si les athlètes intersexes ont un avantage suffisant pour produire des performances plus proches de celles des hommes que des femmes. Une affirmation dure à prouver pour l’IAAF qui partait dès lors quasi battue d’avance ».

Règlement en question

Tucker n’est pas d’accord avec le verdict de la CAS – d’un point de vue scientifique et sportif. « Pourquoi avons-nous des compétitions séparées pour les femmes ? Si vous répondez honnêtement, c’est pour l’équité et l’égalité. Si on n’avait pas de compétitions séparées, les femmes n’auraient aucune chance de gagner quelque chose en sport, jamais. Les compétitions féminines sont là pour protéger les femmes ».

« Prenez le record du monde du marathon de Paula Radcliffe (GBR). C’est le meilleur record féminin comparé aux hommes. La différence moyenne entre les records des hommes et des femmes est de 12%, le record de Radcliffe est à 10%. En 2003 ce record représentait la 4300e perf mondiale absolue. Maintenant il est en dehors du top 5000 ».

« Cette énorme différence entre les genres n’est pas juste liée à la testostérone, mais la plupart des différences (masse musculaire sèche, capacité pulmonaire, volume cardiaque) sont dépendant du niveau de testostérone. Demandez à des parents : jusqu’à 11 ou 12 ans les enfants peuvent jouer ensemble, mais ensuite la puberté crée des grands écarts de niveaux entre filles et garçons ».

« Des gens disent qu’il y a des grandes variations dans les taux de testostérone, qu’une fille peut parfois avoir un taux aussi haut que certains garçons. C’est en partie vrai. Mais les meilleurs hommes seront toujours plus rapides que les meilleures femmes. La testostérone est la différence la plus évidente entre les hommes et les femmes – en plus bien sûr des gènes. »

« Avec Semenya on sait ce qui s’est passé. Elle a pris des médicaments pour faire baisser son taux de testostérone et ses performances ont chuté. L’année dernière elle courrait 2’01. A Monaco elle a couru 1’55. A Rio ça pourrait être 1’53. C’est 8 secondes. 7% en une saison. En ne connaissant pas le contexte, il n’y aurait pas de doute sur le fait qu’elle se dope. Mais ce n’est pas le cas ».

Blessure en 2015

Le coach Vester présente un contre-argument : « Les gens me demandent pourquoi Caster n’a pas couru bien l’année dernière. Mais si vous considérez les choses de plus près, elle a très bien couru ! La préparation était bonne jusqu’en avril, puis elle s’est blessée au genou et on n’a presque plus pu s’entraîner en mai et juin. En juillet, on est parti en Europe pour faire deux courses. Elle s’est alors surprise elle-même en se qualifiant pour les Mondiaux de Pékin.

« Elle a couru 1’59, mais n’a ensuite pas pu reproduire la même chose en demi-finale parce qu’elle n’avait pas assez de volume d’entraînement. Elle était frustrée et voulait se rattraper. Le jour de la finale à Pékin, on a fait un entraînement sur le stade d’échauffement. Elle volait – elle faisait des 400 m en 55 secondes et se sentait vraiment bien. Je lui ai dit : « Si tu avais été en finale, tu l’aurais surement gagnée ».

Vester souligne les progrès faits depuis par Semenya, libérée de ses blessures, travailleuse acharnée et volontiers aidée par des lièvres masculins à l’entraînement pour plus d’intensité. Mais comment répond-t-il aux arguments de Tucker ? « On s’inquiète de personnes comme lui. Je pense qu’ils cherchent le sensationnel, surement pour vendre un nouveau livre. Je sais ce qu’il [Tucker] écrit, mais je ne l’ai pas lu. Je ne pense pas que Caster en ait déjà entendu parler. Ce qu’il a à dire à partir de la science et d’autres cas n’a rien à voir avec nous. On est heureux de pouvoir se concentrer à faire de notre mieux ».

Une athlète phénoménale

Tucker ne me semble pas être un sensationnaliste. J’ai donc demandé son point de vue à Botton : « Je me pose ces questions depuis plusieurs années », dit-il. « Je déteste le fait que Caster soit l’incarnation de l’hyper-androgynie alors que d’autres athlètes sont aussi touchées. Le débat sur son genre la définit, alors que le plus important est qu’elle est une athlète phénoménale. Quand vous la regardez courir ou qu’elle vous parle, vous oubliez les autres questions. J’ai la même sensation en regardant Caster Semenya qu’Usain Bolt. Elle est à ce niveau-là ».

Botton et Tucker considèrent Semenya de deux points de vue opposés, mais tous deux adorent l’athlétisme et étaient présents en début d’année lors de la démonstration de Semenya aux Championnats sud-africains. « Ce qu’elle a fait en trois heures était incroyable » s’accordent-ils tous deux à dire.

Vester est moins crédule : « Je m’y attendais à moitié. On en avait rigolé, elle m’avait dit : ‘Coach, je fais les trois’ et je lui avais dit qu’elle ne pouvait pas. Elle avait continué à insister et j’ai finalement dit : ‘Ok, on essaie’ ».

Doublé 400/800 à Rio ?

Il y a une chance que Semenya court aussi le 400 m à Rio. Vester essaie cependant de l’en dissuader. « D’un point de vue de coach, je lui dit depuis des mois que si elle a pu tripler aux Championnats sud-africains, ce ne sera pas la même chose aux Jeux et qu’elle doit se concentrer sur le titre sur 800 m. Mais elle a très envie de faire aussi le 400. On prendra une décision finale bientôt, mais j’espère vraiment que ce sera seulement le 800 ».

Tucker prédit drame et vitriol si Semenya parvient à convaincre Vester et parvient à battre l’idole féminine de l’athlétisme américain Allyson Felix et à remporter le 400 m avant le 800 m. Un sceptique comme lui pourrait-il une fois se laisser enthousiasmer par les exploits de Semenya ? « C’est difficile. Mais je ne peux pas. Le savoir se met au travers du chemin et la vérité est importante pour moi. Si Semenya peut courir en 1’51, elle est comparativement meilleure que Bolt. Mais Bolt ne court pas dans une catégorie protégée. Il n’est pas soumis aux mêmes questions de classification que Semenya ».

« De mon point de vue, les niveaux de testostérone des athlètes intersexes devraient être abaissés à quelque chose de raisonnable, au-dessus de la moyenne féminine. Le règlement de l’IAAF était un compromis acceptable. Quand je regarde le 800 m aujourd’hui, je vois tous ces athlètes qui donnent leur vie pour gagner une médaille et qui n’ont aucune chance. Ce n’est pas équitable sans réglementation ».

Botton admet que ses propres convictions sont fragiles. « Vous voulez soutenir Caster, mais il y a toujours ces doutes. Est-ce que c’est correct qu’elle court ? Je suis content de ne pas avoir à prendre la décision. Je ne sais pas où tracer la ligne. Il y a des avocats et des médecins, des responsables et des scientifiques, de mon côté j’essaie simplement de la traiter comme une athlète ».

Changements en 2017

Tucker suggère qu’en vue du changement de position possible de la CAS en 2017, « l’IAAF espère que les athlètes intersexes courent le plus vite possible et prennent toute la place pour qu’il puissent avoir de bons arguments au tribunal ». Mais la CAS pourrait malgré tout maintenir son jugement pour satisfaire le droit humain.

Le scientifique soupire : « Je redoute les JO. Les gens veulent seulement entendre une belle histoire. Alors quand Semenya va gagner l’or pour l’Afrique du Sud, les médias vont devenir fous. Si elle bat le record du monde ce sera encore plus fou. On pourra alors se mentir et dire : ‘Jour de fête, célébrons notre fille en or’. C’est ce que les politiciens veulent. Ou alors on peut être honnête et admettre qu’il y a beaucoup de questions qui méritent d’être posées. Ce serait évidemment très impopulaire. Dans tous les cas, il y aura des abus contre Semenya sur le web ».

Botton souligne également la possibilité d’un record du monde : « Caster se retenait pour ne pas battre de records. Mais maintenant elle ne semble plus se soucier des ennuis que ça pourrait lui attirer. Si je devais parier, je dirais qu’elle va battre le record du monde du 800 m et que ça va lui causer toutes sortes de malheurs. Pouvez-vous imaginer à quelle vitesse elle peut courir si elle se lâche ?

Vester est très clair quand on lui demande si Semenya a les moyens de pulvériser le record de Jarmila Kratochvilova (CZE/1’53″28) établi en juillet 1983. « Oui bien sûr, elle peut. Mais notre but principal est de gagner l’or. Pour l’instant elle n’est que 22e sur la liste des meilleures de tous les temps. Nous allons avancer progressivement.

Vester peut-il s’imaginer une fin heureuse sur et en dehors de la piste pour Semenya ? « Bien sûr. Si ce n’était pas le cas, si on n’y croyait pas, on ne serait pas en train de faire ça ».

Retour à Johannesbourg. Daniel Mothowagae parle chaleureusement de son amitié avec Semenya. « Caster a parcouru un long chemin. Nous tous avec elle. La plupart des Sud-africains la soutienne. Dans notre communauté, on sait que Caster est juste un garçon manqué. Les gens sont excités chaque fois qu’elle apparaît sur la piste pour gagner. Ils s’en fichent de savoir ce que dit la science. « Je pense que le débat va se poursuivre pendant des années. Le cas Caster Semenya va changer la donne pour le futur ».

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