Tade Abraham après son RECORD SUISSE et… DU MONDE : « Je suis vraiment fier » EXPLOIT | Le Genevois d’adoption Tadesse Abraham (LC Uster) a réussi un exploit historique dimanche au Marathon de Berlin. En 2h05’10, il a non seulement pulvérisé le RECORD SUISSE de la spécialité, mais encore le RECORD DU MONDE des plus de 40 ans. Dans une quasi-indifférence médiatique. Deux jours après son incroyable course, ATHLE.ch a pu s’entretenir avec un « Tade » heureux, « fier », « frustré » et... « même pas si fatigué ».

Photo : (c) ATHLE.ch

2h05’10 : le chrono réalisé dimanche par Tadesse Abraham à Berlin n’est pas seulement 1’28 sous son précédent record national (2h06’38 à Zurich au printemps 2022), mais représente de surcroît un record du monde masters des plus de 40 ans repris à la légende Kenenisa Bekele (ETH/2h05’53). Nous avons parlé avec Tade au téléphone le lendemain de son retour à Genève.

Comment se sent « Tade », le nouveau recordman du monde ?

Je suis bien. Je suis content. Et n’ai même pas tellement mal aux jambes…

Raconte-nous comment tu as fait ce temps de folie !

C’est un rêve que j’ai depuis longtemps qui s’est réalisé. J’ai depuis un moment déjà eu l’impression que je pouvais courir le marathon en 2h05. Avec Olivier (Baldacchino, son entraîneur, ndlr), on s’est dit ça, il y a quelques années : avec un entraînement et une course parfaite, je peux faire 59’ sur semi-marathon et 2h05 sur marathon. Hier, c’était un jour incroyable : les conditions étaient idéales, tout était parfait, ou presque…

Presque ? Tu avais la forme de ta vie, non ?

C’est bête à dire, mais en fait même pas. J’étais bien, très bien, mais à Barcelone (ce printemps, où il a terminé en 2h06’43, ndlr), j’étais encore mieux, mais j’étais tombé malade… Aujourd’hui, je me demande vraiment ce que ça aurait donné là-bas si j’avais été en pleine possession de mes moyens…

Les valeurs d’entraînement étaient meilleures avant Barcelone qu’avant Berlin ?

Oui, vraiment meilleures ! A Iten, au Kenya, où j’étais comme d’habitude en camp, pendant 6 semaines, il a beaucoup plu et je n’ai quasi pas pu faire de piste. Et pour moi, qui n’ai pas beaucoup de vitesse, pas fait de carrière sur piste, je suis généralement obligé de faire pas mal de vitesse sur la piste pour pouvoir courir bien, à haut niveau…

2h05’10, ce n’est pas courir bien, à haut niveau ?

Si si, mais je sens que je pourrais faire encore mieux. A Berlin, je n’avais pas confiance d’être aussi fort que ça. Quand, au 28e kilomètre, mon groupe accélère je n’ose pas partir avec. J’hésite, je ne sais pas. J’ai eu peur de craquer. Je n’étais pas sûr de mes capacités de vitesse. Peut-être j’ai eu trop de respect, je ne sais pas. Ils ont fait deux kilomètres en 2’50… Je ne voulais pas risquer d’exploser. Sur la fin de course, je reviens sur quasi tous les coureurs qui m’ont lâché à ce moment.

Presque tous, pour finir tout près de l’Allemand d’origine éthiopienne Amanal Petros, avec qui tu t’es entraîné au Kenya…

Oui, c’est fou. Parce qu’il était plus fort que moi à l’entraînement. Beaucoup plus fort, en fait. Beaucoup plus facile, à l’entraînement. Mais l’entraînement, ce n’est pas la compétition. J’ai toujours été plus fort en compétition qu’à l’entraînement…

Petros termine en 2h04’58…

(Rires) oui, mais Je suis très content de mes 2h05’10. Mon but était de battre le record du monde masters, ce que j’ai fait. A la fin, j’étais heureux : j’ai même pu célébrer ma course dans la dernière ligne droite, profiter du moment…

Parle-nous de ta préparation : tu as fait 6 semaines de camp à Iten, raconte !

Avant de partir, j’ai fait 4 semaines de camp à St-Moritz, puis 6 semaines au Kenya. Entre les deux, j’ai été en Hollande, au mariage de mon frère, avec la famille. Comme toutes ces dernières fois, au Kenya, la forme est montée très vite, de semaine en semaine…

Comment c’est possible ? Tu as fait quelque chose de spécial, au Kenya ?

Entre 200 et 210 km par semaine. J’augmente l’intensité chaque semaine, pendant 5 semaines. A la fin de chaque entraînement, je fais des accélérations : tout un travail pour gagner de la vitesse. 6 à 10×100, 150, ou même 200 m. Tous les jours, je fais de la corde à sauter. Beaucoup de corde à sauter. Ça me permet de gagner de la facilité, de la vitesse. La dernière semaine est plus légère : je garde le volume, mais sans intensité, juste avec de la vitesse.

Tu as eu des moments difficiles ?

Non, ça s’est très bien passé. Je n’ai pas eu de problèmes au Kenya. Je n’ai quasi pas eu besoin de faire de jour de repos…

Et pendant la course ?

Comme je l’ai dit, au kilomètre 28, ce n’étais pas dur, mais compliqué à décider. Je prends le risque d’accélérer ou pas ? Je n’ai pas voulu faire de faute. Je savais qu’entre 35 et 40, ce sera de toute façon dur. J’ai peut-être eu trop de respect…

Tu as battu le record du monde de la légende Kenenisa Bekele…

Haile Gebrselassie et Kenenisa Bekele ont été des immenses athlètes, jeunes, sur la piste (multiples champions olympiques et du monde, multiples détenteurs de records du monde, ndlr). Je suis vraiment fier d’avoir réussi à courir plus vite qu’eux. J’espère que ça va inspirer tous les coureurs d’un certain âge : il ne faut pas qu’ils se découragent, il est tout à fait possible de courir vite à plus de 40 ans !

Et même de se bonifier avec l’âge. Tade étais beaucoup moins fort il y a 10, 15, 20 ans !

Je ne suis plus le même, c’est vrai. Je me connais mieux, je fais les choses mieux…

Tout autre chose : que dis-tu des 2h11’53 de Tigist Assefa, record du monde hallucinant, 6’43 derrière toi sur la ligne d’arrivée ?

Qu’est-ce que je dois dire. Ça fait peur. Plus peur que plaisir. Je ne peux pas dire Waouh… C’est bizarre. Je n’ai pas envie de dire grand-chose…

Dimanche, il y a Morat-Fribourg. Est-ce que le triple vainqueur de la course que tu es seras là ?

Oui, je serai là pour Morat-Fribourg, mais pas pour courir. Il faut que je me repose… 

Quel est la suite du programme ?

Me reposer, pendant un mois, avec ma famille. Avant de retourner au travail…

Tu feras le Circuit de courses ?

Peut-être… j’aimerais bien…

Merci beaucoup Tade, bonne suite et à bientôt !

Commentaires

commentaires

Auteur

2 Comments

  1. Frédéric Splendore said:

    Immense bravo Tade pour la perf surtout et pour le record 🙂 tu vas inspirer beaucoup de trentenaires avec ce chrono à 41 ans ! En tout cas moi ça me donne beaucoup d’espoir :). J’ai 31ans et j’ai couru à Berlin ce weekend en 2h32 et j’espère passer sous 2h20 d’ici 2ans ! Si jamais un jour tu deviens entraîneur je serais intéressé ! Ou si une fois M.Baldacchino a un peu de place pour entrainer un trentenaire 🙂
    Bonne recup !

  2. Marco said:

    Incroyable Tade bravo pour ta course formidable !

    La persévérance et le travail acharné finit toujours par payer super et vraiment content pour ta performance incroyable

    Marco

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Top