Survival Run | Yes, I have survived… SURVIVAL RUN À THOUNE | Dimanche dernier, Maya Chollet (Genève/Mizuno Team) a remporté la Survival Run de Thoune : une course folklorique d’environ 18 km truffée d’obstacles en tous genres : bottes de paille, treillis militaires, rivières, étangs boueux et autres tunnels étriqués. Elle nous raconte son œuvre telle qu’elle l’a vécue de l’intérieur.

Dimanche 1er mars, 12h, place d’armes de Thoune. Une bande étrange et surexcitée attend bêtement en ligne, sous une banderole « Start ». Costards-cravate, cochons, plongeurs, vaches, pères Noëls, maquillés jusqu’aux oreilles, le plus ignoblement possible. Aurais-je raté le début du carnaval ? Non, chers amis coureurs, ces gens dont je fais partie avaient également des baskets. Prêt à se jeter à l’eau et à la boue. Vous y êtes, c’est la Survival Run.

Deux tours de 9 km avec 50 obstacles. On court sur des pneus, sous des troncs, sur des containers, dans des étangs. De ce genre de folie, vous ne sortez pas indemne, ou alors c’est que vous avez fait une erreur. J’avais pris la précaution de ne pas me déguiser. En voyant plus tard de pauvres curés en robe restés bloqués dans la boue, je crois avoir fait le bon choix.

C’est parti. Devant, une femme, une seule et pas des moindre. Mirja Jenny, une grande championne. Mais elle faisait la course en équipe. Je me sais en tête dès les premiers kilomètres. La pression monte. Passage des pneus, ça bascule à chaque pas. Courir, on oublie. Rester zen, le maître mot. Et ne pas oublier de sourire aux photographes qui vous mitraillent sur tout le parcours (le plus dur). On arrive aux bottes de paille. Vous grimpez dessus. Un genou s’érafle au passage. Le stress monte, on entend des cris, on voit les premières flaques…Splash ! La mare de boue ! Pas réfléchir, bon, ça les coureurs savent le faire. Plutôt tempérée la flotte. Mesdames, pourquoi vous payez si cher pour de tels bains ? A Thoune c’est moins cher et il y en a 5 ! Vous vous accrochez aux roseaux, vous êtes dedans jusqu’au cou (pour les petites tailles). Et quand vous ressortez, plein de monde est là pour un hilarant accueil. Sympa les amis. Les jambes sont moins drôles. Le froid transit les muscles. Les premiers mètres, ça vous donne un style de pingouin. Les pieds je ne sais pas, je ne les sentais plus. Ensuite, une colline d’éboulis. Superbe, verticale, cassante, raide à point (saignante, c’est pour ma joue). Ça monte et ça redescend. Une nouvelle mare, mais cette fois ils l’ont couverte d’un beau treillis. Je n’ai pas fait l’armée moi…c’est hyper lourd ces machins ! Voilà le bout du tunnel, encore quelques passages sur du béton difforme et vous passez la ligne d’arrivée, pour la première fois. Oui, plus qu’un tour en bref. Mes mains sont devenues bleues de froid et brunes de boue. Mais je tiens la tête de course. Je commence à réfléchir. La victoire, à cette course-là, elle craint. Vous allez comprendre pourquoi. Les obstacles reviennent, le cerveau switch off. Je me retrouve derrière un père Noël, il me sert de pacemaker. A un moment, vous commencez à dépasser les derniers, les lourds, les déguisés. Le parcours est décoré maintenant : chaussures mortes, lambeaux de tissu, cadavres de costumes et parfois quelques coureurs abandonnés à leurs crampes sur le bord de la route. Eux, ils n’ont qu’à moitié survécu.

Allez, courage, on y est. Un regard en arrière, pas de concurrente en vue. Je réalise peu à peu que je vais VRAIMENT être la première survivante de ces 18 km. J’hésite. Dois-je ralentir ? C’est la seule course où il vaut mieux, vraiment mieux être 2e. Non, allez, on va rire… Et je franchis la ligne. Vainqueur ! Je suis décorée. Tatouée même. Bleus, griffures, terre, sang, savon… les mains, les jambes, les cheveux. Blessures de guerre, souvenirs de course.

Il est temps de vous apprendre, chers co-surivors de ce long récit, pourquoi il ne faut pas gagner la Survival Run. Sur le podium, avec un sourire, voici votre trophée. Appelée Gudrun, elle vous sourit. Une ÉNORME TÊTE DE SANGLIER pour embellir votre salon. Le retour en train promet d’être… intéressant.

A l’année prochaine !

Maya Chollet

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