TIMELINE | L’épopée des athlètes suisses aux championnats du monde | Eugene 2022 Pour les athlètes suisses, atteindre la limite pour les championnats du monde représente une sorte de Saint Graal car cette compétition est assurément l'un des deux summums de l'athlétisme mondial. ATHLE.ch «VINTAGE propose de revivre en détail l'épopée des athlètes suisses au cours des dix-neuf éditions de ces Mondiaux. La dix-huitième édition des championnats du monde s'est disputée du 15 au 24 août 2022 à Eugene.

Initialement prévus du 6 au 15 août 2021 à Eugene, les dix-huitièmes championnats du monde se déroulent finalement du 15 au 24 juillet 2022, ceci en raison du report d’événements en 2020 suite à la pandémie de COVID-19. Le calendrier a dû être réadapté avec les Jeux Olympiques de Tokyo en août 2021, les Jeux du Commonwealth début août 2022 à Birmingham et les championnats d’Europe à la mi-août 2022 à Munich. Comme ce fut le cas pour Osaka en 2007, Eugene a obtenu en 2015 l’organisation de cette compétition sans devoir combattre face à une autre ville. Du coup des soupçons de corruption sont devenus insistants. En 2017, le président de European Athletics Svein Arne Hansen a émis le fait que cela ait été fait pour des raisons purement commerciales (la marque Nike ayant son siège à proximité). Au cours de l’enquête, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme Lamine Diack était assigné à résidence en France pour des soupçons de corruption. L’actuel président Sebastian Coe, alors vice-président sous Diack, avait été soupçonné alors qu’il travaillait comme ambassadeur de Nike jusqu’en novembre 2015. Des allégations de lobbying ont été formulées contre Coe à la suite de l’attribution de ces championnats du monde, mais il les a rejetées.
Près de trois ans après les championnats du monde de Doha, Swiss Athletics va tenter de rééditer en Oregon son remarquable bilan réussi dans le désert qatari. Sous la houlette de son chef de la performance Philipp Bandi, c’est une sélection record de vingt-cinq athlètes ambitieux qui débarque dans le Nord-Ouest des États-Unis.

Angelica Moser et Simon Ehammer passent en finale, mais non sans soucis
Vendredi 15 juillet, trois cadors de l’athlétisme suisse entrent en scène pour les qualifications de leur concours respectif. Au saut en hauteur, Loïc Gasch (US Yverdon) n’est pas dans un bon jour à cause de douleurs à la cheville. Il doit s’y prendre à deux reprises tant à 2,17 m qu’à 2,21 m, puis il a été éliminé à 2,25 m : «Je me suis battu avec mes armes du jour, mais ça n’a pas suffi. Je n’arrive actuellement pas à bien transformer la vitesse d’élan en hauteur. Et le timing sur la barre n’était pas très bon non plus». Le Vaudois aurait dû franchir 2,28 m pour passer en finale.
En soirée, Angelica Moser (LC Zürich) a frôlé la correctionnelle en qualifications du saut à la perche. Très déçue après avoir manqué ses trois tentatives à 4,50 m, elle constate finalement que ses modestes 4,35 m sont suffisants pour passer en finale : «Me voilà avec une deuxième chance, que j’accepte évidemment volontiers».
Enfin Simon Ehammer (TV Teufen), le spécialiste du décathlon de 22 ans, a assuré l’essentiel au saut en longueur en réussissant la quatrième performance de ces qualifications avec un bond à 8,09 m. Pour lui aussi ce ne fut pas si facile car l’Appenzellois a mordu son premier essai, puis il a sauté à 7,90 m et enfin réussi ces brillants 8,09 m : «Il faut oublier tout ça. Pour la finale, on recommence à zéro. Tout le monde est dans un mouchoir de poche». Le second Helvète en lice, Benjamin Gföhler (LC Zürich), n’a pas été très heureux. À l’instar de Loïc Gasch, le Zurichois est diminué physiquement, souffrant de problèmes aux ischios. Néophyte à ce niveau de compétition, il termine 29e avec ses 7,41 m.

Jason Joseph et Mujinga Kambundji sans peine en demi-finales
Samedi 16 juillet, on assiste à un florilège de séries qui concerne sept athlètes suisses. Sur 3000 m steeple, Chiara Scherrer (TG Hütten) réalise une bonne course, proche de son record suisse (9’20″28). Avec ses 9’22″15, la Toggenbourgeoise se montre à la fois contente et déçue de ses premiers championnats du monde. Elle a certes obtenu le deuxième chrono de sa carrière, mais elle a aussi manqué de peu son objectif d’entrer en finale. Pour cela il fallait courir en 9’21″02 : «Je ne dois pas me cacher : c’est une bonne performance. Hélas sur les derniers mètres, j’ai manqué de force pour réagir». Chiara termine sa course au 9e rang, pour se classer 18e en tout.
Sur 110 m haies, Jason Joseph (LC Therwil) se montre partiellement satisfait de sa course avec un temps de 13″49 qui ne correspond pas vraiment à ses attentes : «Je n’ai pas fait une course techniquement propre et j’ai laissé les autres perturber mon rythme». Le recordman suisse reste toutefois confiant en vue des demi-finales.
Ils auraient dû être deux sur 400 m haies, mais Dany Brand (LC Zürich) a dû renoncer à courir. Testé positif au COVID-19 lors du camp de préparation, le Zurichois a été isolé du reste de l’équipe. Toujours positif hier, il n’a donc pas eu le droit de courir. Pour sa première course aux championnats du monde, Julien Bonvin (CA Sierre) s’est retrouvé à côté du détenteur du record du monde Karsten Warholm. Le Valaisan est parti rapidement mais, contre le vent, il a grillé prématurément ses cartouches. Il termine 5e de sa course en 50″40, à 31 centièmes de la qualification : «Ces Mondiaux sont pour moi en tous points une précieuse expérience. J’ai beaucoup appris ici».
Lors de la session en soirée, trois sprinteuses helvétiques entrent sur la piste du Hayward Field pour les séries du 100 m. Mujinga Kambundji (ST Bern) remporte très facilement sa course en 10″97, soit le sixième chrono. Ses camarades Géraldine Frey (LK Zug) et Ajla Del Ponte (US Ascona) ne sont par contre pas parvenues à passer l’écueil car un temps de 11″17 était nécessaire. La Zougoise se classe 5e de sa course en 11″30, à sept centièmes de son PB. Quant à la Tessinoise, elle finit également 5e de sa course en 11″41. La cinquième du 100 m des Jeux Olympiques de Tokyo est forcément dubitative en zone mixte : «J’ai fait de très bons entraînements ces derniers jours et je me sentais prête à en découdre. Raison pour laquelle je ne peux m’expliquer cette performance».

Simon Ehammer décroche le bronze mondial au saut en longueur !
En ce 16 juillet, il est 3:20 en Suisse quand débute la finale du saut en longueur des hommes. Plus ouverte que jamais, la lutte pour une place sur le podium promet d’être aussi serrée qu’indécise. Bien que le vent soit toujours favorable, la première série d’essais laisse tous les concurrents dans le flou : la moitié mord leur tentative, Simon Ehammer se rate avec 6,42 m et c’est l’Indien Murali Sreeshankar qui mène avec 7,96 m. Le deuxième essai est nettement plus convaincant avec les 8,30 m du Grec Miltiadis Tentoglou. Le favori du concours marque son territoire, mais il est tout de suite suivi par Simon Ehammer qui réussit un très joli 8,16 m, ainsi que par le Cubais Maykel Masso avec 8,15 m et les deux Américains Steffin McCarter et Marquis Dendy avec 8,04 m et 8,02 m. Cette finale est bel et bien lancée, mais le classement reste figé jusqu’au dernier essai. Tentoglou montre qu’il est le plus fort avec 8,32 m au cinquième essai, Ehammer se rate avec 7,78 m puis avec deux essais mordus, alors que Masso, McCarter et Dendy se placent dans la même veine. Sans faire trop de bruit, le Chinois Wang Jian’an saute à deux reprises à 8,03 m; mais son ultime tentative va faire office d’un magistral « strike » avec un saut à 8,36 m sorti d’on ne sait où. C’est désormais le branle-bas de combat chez les finalistes, qui paniquent un peu. Steffin McCarter mord son saut, Maykel Masso saute 7,88 m, ce qui assure du même coup la médaille de bronze à Simon Ehammer. L’Appenzellois bénéficie d’un vent favorable de 2,3 m/s, ce qui le perturbe dans ses marques et il n’obtient que 7,94 m. Très content de son sort, le recordman suisse (8,45 m) a déjà sorti le drapeau suisse. Il ne manque pas non plus de suivre le dernier essai du champion olympique Tentoglou, mesuré à 8,20 m seulement. À 22 ans, le décathlonien Simon Ehammer – issu de la « Génération UBS Kids Cup » – décroche un merveilleux podium mondial, au grand damne des spécialistes. Il s’agit de la neuvième médaille helvétique après les titres de Werner Günthör au poids en 1987, 1991 et 1993, ainsi que celui d’André Bucher sur 800 m en 2001, mais aussi suite aux médailles de bronze d’Anita Weyermann sur 1500 m en 1997, de Marcel Schelbert sur 400 m haies en 1999, de Viktor Röthlin au marathon en 2007 et de Mujinga Kambundji sur 200 m en 2019.

Un dimanche haut en émotion pour le camp suisse
Le dimanche matin 17 juillet est marqué par le début de l’heptathlon avec Annik Kälin (AJ TV Landquart). La Grisonne est en grande forme et elle débute son périple avec un superbe record personnel sur 100 m haies en 13″17. Elle enchaîne ensuite avec 1,74 m en hauteur puis avec 13,71 m au poids et elle achève sa première journée avec un joli 24″05 sur 200 m. Avec 3’753 points, Annik figure au 8e rang intermédiaire en comptabilisant 38 unités de plus que lors de son record, ses 6’398 points réussis le 1er mai dernier à Grosseto.
En matinée ont également eu lieu les séries du 400 m, au cours desquelles Ricky Petrucciani (LC Zürich) et Silke Lemmens (LC Zürich) n’ont pas réussi à s’en sortir. Petrucciani a été chronométré en 46″60. Fâché de ne pas avoir couru plus vite, il se classe au 34e rang. Lemmens réalise le bon temps de 52″86 et elle se montre plutôt satisfaite de sa 38e place.
La soirée promet au camp suisse de vivre de grands moments. Mais il faut d’abord passer par une belle déception pour Jason Joseph lors des demi-finales du 110 m haies, où le Bâlois n’est malheureusement jamais entré dans le coup. Le détenteur du record suisse a raté sa course et il doit se contenter de la 7e place en 13″67, pour un 23e rang final peu en phase avec ses ambitions initiales.
Pour se rattraper, l’athlétisme suisse compte sur ses deux vedettes que sont Angelica Moser et Mujinga Kambundji. Malgré une saison difficile et une qualification arrachée par les poils, la Zurichoise sait qu’elle est toujours une bête lors des finales de grands championnats. Et une fois de plus elle va le prouver avec une super performance réalisée au bon moment. La championne d’Europe en salle s’illustre d’entrée à 4,30 m, puis après avoir passé 4,45 m au troisième essai, Angelica réalise un super saut en franchissant 4,60 m au premier essai, sa meilleure performance de la saison. Afin de rester dans la course, il faudrait maîtriser maintenant la barre placée à 4,70 m. C’est toutefois un petit peu trop haut pour la Zurichoise, qui termine finalement bonne 8e de ce concours mondial remporté par l’Américaine Katie Nageotte avec 4,85 m, tout en devançant sa compatriote Sandi Morris avec également 4,85 m et l’Australienne Nina Kennedy avec 4,80 m.

Une prestation de rêve pour Mujinga Kambundji en finale du 100 m
Mujinga Kambundji est elle aussi incroyablement forte lorsqu’il faut sortir le grand jeu au moment opportun. La championne du monde 2022 du 60 m en salle à Belgrade est excellente en demi-finales du 100 m, où son chrono de 10″96 lui permet de décrocher au temps son ticket pour la finale, avec un centième d’avance sur la Britannique Daryll Neita. Il s’agit là d’une formidable prestation car le niveau s’est avéré bien plus élevé qu’il y a une année à Tokyo. En atteignant enfin la finale mondiale, Mujinga comble également un manque dans son palmarès. Deux heures plus tard, le line-up de la finale du 100 m des femmes fait saliver la planète athlé; et ce sont les supporters Jamaïcains qui vont jubiler avec un triplé des leurs avec l’inamovible Shelly-Ann Fraser-Pryce vainqueur en 10″67, devant Shericka Jackson en 10″73 (PB) et Elaine Thompson-Herah en 10″81. La Britannique Dina Asher-Smith est elle aussi royale avec un record national égalé en 10″83, tandis que Mujinga Kambundji règle le match des viennent-ensuite avec une magnifique cinquième place en 10″91, le deuxième chrono de sa carrière après les 10″89 de son récent record suisse en finale des championnats suisses à Zurich. La Bernoise a pris la mesure de l’Américaine Aleia Hobbs (10″92), de l’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou (10″93) et l’autre Américaine Melissa Jefferson (11″03). Cette nouvelle prestation XXL de Kambundji promet beaucoup dans l’optique du 200 m et du relais 4 x 100 m.

Annik Kälin mène son heptathlon vers un nouveau record suisse
Huitième à l’issue de la première journée de l’heptathlon, Annik Kälin peut espérer sur une remontée au classement grâce à sa discipline de parade qu’est le saut en longueur. C’est effectivement le cas avec un très joli 6,56 m qui lui rapporte plus de 1’000 points et qui la place désormais au sixième rang. Mieux, ses 48,25 m au lancer du javelot l’amènent maintenant à la cinquième place, pour un total de 5’606 points. Une amélioration de son record suisse est évidemment en vue, d’autant plus qu’elle avait couru son 800 m en 2’20″45 à Grosseto. Motivée comme jamais, la Grisonne de 22 ans parvient à se surpasser en courant en 2’17″49, ce qui lui offre un nouveau record suisse qui se situe maintenant à 6’464 points : «C’est la plus grande chose que j’ai atteinte jusqu’ici. En repensant à l’an passé, où j’ai dû interrompre ma saison pour cause de blessure, je suis extrêmement contente de pouvoir revenir comme ça». Avec une sixième place mondiale, Annik Kälin peut voir l’avenir avec une grande sérénité. D’ailleurs son prochain heptathlon, disputé un mois plus tard à Munich, lui apportera la médaille de bronze avec un total record de 6’515 points (13″23 – 1,74 m – 13,56 m – 24″24 | 6,73 m – 46,72 m – 2’13″73). Comme Simon Ehammer, Annik Kälin fait partie de la « Génération UBS Kids Cup ».
Ce lundi 18 juillet voit se disputer également les séries du 200 m. Chez les hommes, William Reais (LC Zürich) n’a pas réussi à trouver le rythme qu’il espérait. Le champion d’Europe U23 a dû faire avec une meilleure performance de la saison en 20″73, mais rien de plus. Pour passer en demi-finales, il aurait dû courir en 20″35. Vingt-quatre heures après son 100 m d’anthologie, Mujinga Kambundji a remis le couvert en terminant deuxième de sa série en 22″34 et se qualifie facilement pour les demi-finales avec pour l’instant le huitième temps.

Mujinga Kambundji abaisse le record suisse du 200 m de treize centièmes
Lors des championnats d’Europe 2014 à Zurich, Mujinga Kambundji avait battu de cinq centièmes le vieux record suisse du 200 m qui appartenait à Regula Aebi (22″88 en 1988 lors des Jeux Olympiques de Séoul). Elle l’avait ensuite amélioré à deux reprises l’année suivante en 22″80 aux championnats suisses à Zoug et en 22″64 en demi-finales des Mondiaux à Pékin. Cependant lors des championnats suisses 2016 à Genève, Lea Sprunger avait fait étalage de ses multiples talents en abaissant le record national avec un remarquable 22″38. Il faut attendre trois ans et une magnifique progression pour que Mujinga Kambundji reprenne son bien avec 22″26 réalisés aux championnats suisses 2019 à Bâle, une performance qu’elle rééditait en séries et en demi-finales des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021. On l’a vu la veille, la Bernoise est actuellement au bénéfice de la plénitude de ses moyens techniques et physiques. Après ses superbes 22″18 obtenus en juin dernier sur sa piste du Wankdorf, elle fait maintenant exploser son record suisse lors de la première demi-finale à Eugene en 22″05, avec un vent favorable parfait de 2,0 m/s. Si bon soit-il, ce chrono ne lui assure pourtant pas encore l’accès à la finale car elle n’a terminé que troisième de sa course derrière Shericka Jackson (21″67) et la surprenante Nigériane Aminatou Seyni (22″04). Dans la deuxième série c’est rapide et très serré puisque c’est l’Américaine Tamara Clark qui s’impose (21″95) devant Dina Asher-Smith (21″96) et Elaine Thompson-Herah (21″97). Mujinga, huitième à ce moment-là, doit donc attendre le verdict de la troisième et ultime demi-finale afin de connaître son véritable sort. Shelly-Ann Fraser-Pryce est une logique vainqueur (21″82) et le trou qu’elle a creusé sur ses poursuivantes est favorable à la Suissesse. C’est finalement l’Américaine Jenna Prandini qui se voit être la première non-qualifiée avec ses 22″08. On le voit, la densité est incomparable cette année vis-à-vis d’il y a trois ans à Doha, où Kambundji avait profité de l’aubaine pour décrocher une médaille de bronze historique pour la Suisse. Elle a désormais un jour de pause avant la finale de jeudi soir, où trois Jamaïcaines, deux Américaines, une Britannique et une Nigériane seront ses adversaires.

Yasmin Giger, l’héritière du 400 m haies helvétique
Orphelin de Lea Sprunger, le 400 m haies helvétique doit désormais compter sur le talent de Yasmin Giger (LC Zürich) pour s’affirmer dans le concert mondial. Médaillée de bronze des championnats d’Europe U23 en 2021 à Tallinn avec un record personnel à 55″25, la Thurgovienne de 22 ans a pu se réjouir de se voir qualifiée pour les demi-finales en tant que quatrième et dernière repêchée au temps grâce à ses 55″90; il s’agit du deuxième meilleur chrono de sa carrière. Mercredi 20 juillet, Yasmin Giger est la seule athlète suisse en piste à l’occasion des demi-finales du 400 m haies. Cette course étant une sorte de bonus, elle profite de cette merveilleuse expérience et savoure le fait de courir face à la recordwoman du monde, l’Américaine Sydney McLaughlin. Comme imaginé, Giger n’est pas parvenue à courir tout à fait aussi vite que la veille et ses 56″31 lui donnent le 24e rang final. L’enjeu est maintenant de bien récupérer et de se concentrer sur le relais de 4 x 400 m prévu dans trois jours.

Pas de nouvel exploit pour Mujinga Kambundji en finale du 200 m
Jeudi 21 juillet, Mujinga Kambundji est au départ de sa sixième course dans ces championnats du monde et ce pour la plus importante, celle de la finale du 200 m. Disons-le tout de suite, la Bernoise n’avait aucune chance après avoir tiré le couloir 1 et, il faut bien l’avouer, on n’a pas décelé en elle son habituelle superbe foulée, ni dans le virage et encore moins dans la ligne droite. Classée 8e de cette finale mondiale en 22″55, on avait imaginé mieux pour elle : «Le temps et le rang ne sont pas super. Ce qui va rester, c’est la participation à la finale. Le niveau est toujours plus élevé, la pointe toujours plus large. Je suis fière de tenir tête à mes adversaires. Mon but est maintenant d’entrer en finale l’an prochain aux championnats du monde à Budapest sans devoir trembler». Le titre de championne du monde du 200 m est revenu à Shericka Jackson en 21″45; à part l’Américaine Florence Griffith-Joyner en finale des Jeux Olympiques 1988 à Séoul en 21″34, jamais une sprinteuse n’avait été aussi rapide.

Lore Hoffmann à nouveau neuvième sur 800 m
On attendait avec impatience l’entrée en scène de Lore Hoffmann (ATHLE.ch) à l’occasion des séries du 800 m. Ce moment a fini par arriver et on a pu se réjouir d’une qualification pour les demi-finales; mais Dieu que ce fut chaud pour y parvenir ! En effet, la Valaisanne a failli voir son aventure mondiale s’achever prématurément, la faute à un fait de course. Placée dans les dernières positions de sa série, elle a dû éviter une adversaire en début de dernière ligne droite. Légèrement stoppée dans son élan, la 9e des Jeux Olympiques de Tokyo a réussi à remonter jusqu’au troisième rang grâce à un très joli sprint. La qualification pour les demi-finales est assurée, mais ce fut limite car elle a terminé sept millièmes devant l’Allemande Christina Hering, dernière qualifiée au temps ! Le lendemain soir, vendredi 22 juillet, Lore Hoffmann est en lice dans la troisième et ultime demi-finale. Après avoir parcouru le premier tour en dernière position, Lore est sur le point de réaliser un chef d’œuvre en remontant sur ses adversaires. Ce scénario de rêve connaît pourtant un bémol à 50 mètres de l’arrivée, au moment d’attaquer la Slovène Anita Horvat, qu’elle ne parvient pas à dépasser et qui s’adjuge la dernière place qualificative au temps pour la finale en 1’59″60. Quatrième en 1’59″88, Lore Hoffmann se retrouve comme à Tokyo au 9e rang d’un 800 m de niveau mondial. Son attitude de battante qui lui a permis de franchir pour la cinquième fois de sa carrière la barre des deux minutes aurait pu connaître un meilleur sort : «J’ai eu peur de me crisper, j’ai relâché un peu mon effort. Puis j’ai essayé de remettre les gaz, mais ça n’a pas marché».

Le relais 4 x 100 m s’invite encore une fois à la table des reines du sprint
Laissée au repos, Mujinga Kambundji était pourtant la plus fervente des supporters de l’équipe suisse du 4 x 100 m. Détentrice de la meilleure performance mondiale de la saison grâce à ses 42″13 réussis le 30 juin dernier à Stockholm, le relais helvétique n’a pas droit à l’erreur dans ces demi-finales. On est tout de suite mis au parfum avec une première course qui voit les Britanniques l’emporter en 41″99 devant la Jamaïque en42″37 et l’Allemagne en 42″44. Au cas où, les deux chronos qualificatifs sont les 42″93 de la Chine et les 43″09 du Canada. Honnêtement, ça devrait le faire… Au couloir 7, l’équipe suisse composée de Géraldine Frey, Sarah Atcho (Lausanne-Sports), Salomé Kora (LC Brühl) et Ajla Del Ponte, a misé sur des passages assurés. En finissant cinquièmes derrière les États-Unis, l’Espagne, le Nigéria et l’Italie, il faut attendre quelques instants le verdict du chronomètre avant de savoir qu’elles ont passé en finale avec le 8e au temps en 41″73; il n’y avait en fin de compte que deux dixièmes de marge sur les Chinoises ! L’essentiel est donc fait et vu que les écarts sont infimes (huit centièmes entre les places 5 à 8), tout peut arriver en finale.

Les hurdleuses et le relais 4 x 400 m féminin sont en veine
Avant de vivre deux courses de relais passionnantes, le camp suisse s’échauffe en supportant les efforts de Ditaji Kambundji (ST Bern) et de Noemi Zbären (SK Langnau) lors des séries du 100 m haies. Les deux hurdleuses suisses ont bien lancé cette journée du samedi 23 juillet en se qualifiant pour les demi-finales. Sept ans après avoir terminé sixième à Pékin, Noemi Zbären est de retour au premier plan après plusieurs années difficiles marquées par des blessures. En profitant d’une série relativement facile, l’Emmentaloise termine troisième en 13″00, à quatre centièmes de son meilleur chrono de la saison et se qualifie pour le tour suivant. Quant à Ditaji Kambundji, la fougue de sa jeunesse est un régal à voir, mais parfois elle peut lui faire rater sa course. En lice avec un meilleur chrono 2022 de 12″77, elle a été chronométrée en 13″12 pour prendre la 5e place de sa série. La championne d’Europe U20 a finalement passé au millième, aux dépends de deux autres athlètes créditées du même temps. Lors de la première série, la Belge Anne Zagré avait été gênée dans sa course et elle a été autorisée à recourir seule. Ainsi Ditaji se retrouve sur le ballant : Si Zagré avait été plus rapide que ses 13″12, Kambundji aurait perdu sa place de demi-finaliste. Mais la Belge a accroché la dernière haie et elle a terminé loin de la Bernoise; ouf !
On en vient aux deux courses de relais très importantes pour l’équipe suisse avec d’abord le 4 x 400 m. En terminant 5e de sa série en 3’29″11, l’équipe suisse composée de Silke Lemmens, Julia Niederberger (LA Nidwalden), Annina Fahr (TV Unterstrass) et Yasmin Giger n’a pas été assez rapide pour se qualifier pour la finale. Cependant après la disqualification des Pays-Bas, les Suissesses ont été repêchées et pour leur troisième participation au niveau mondial (Doha 2019, Tokyo 2021 et Eugene 2022), l’équipe coachée par Peter Haas pourra courir en finale !

Pas d’exploit pour le relais 4 x 100 m féminin
La finale tant attendue du relais 4 x 100 m féminin est sur le point de connaître son dénouement. Après quatre 4e places aux championnats d’Europe 2018 à Berlin, aux championnats du monde 2019 à Doha et aux Jeux Olympiques 2021 à Tokyo, l’équipe suisse désormais coachée par Adrian Rothenbühler a pour objectif de remporter une médaille. Mais le quatuor composé de Géraldine Frey, Mujinga Kambundji, Salomé Kora et Ajla Del Ponte a dû déchanter, surtout en raison d’un dernier passage quelque peu manqué. Avec la 7e place en 42″81, les Suissesses sont extrêmement déçues. Le coach Adrian Rothenbühler le confirme au micro de SRF : «Le rang et le temps sont une déception. Tout ne s’est pas passé comme prévu. Ce résultat nous montre aussi que les choses ne seront pas faciles dans un mois pour les championnats d’Europe». Effectivement à Munich, l’équipe suisse (sans Mujinga Kambundji) ne brillera pas : éliminée dès les séries en 43″93 !

Une fin de compétition sur de bonnes notes
Dimanche 24 juillet, six Suissesses sont en lice au cours de la dernière journée des championnats du monde à Eugene. Lors des demi-finales du 100 m haies, Ditaji Kambundji a quitté la compétition avec un large sourire. La Bernoise de 20 ans a non seulement battu son record personnel de sept centièmes, mais elle a surtout pris part à la course la plus rapide de l’histoire. En effet, de manière inattendue, la Nigériane Tobi Amusan a établi en 12″12 un nouveau record du monde ! Aidée par 0,9 m/s de vent, Ditaji Kambundji a terminé 6e de cette incroyable course en 12″70 : «Les conditions étaient top et la course très bien. Je suis très contente de mon record personnel et de mon 13e rang mondial». Également convaincante avec sa 7e position en 12″94, Noemi Zbären était elle aussi très contente à l’issue de sa course : «J’aurais évidemment aimé courir un peu plus vite, mais je n’ai pas à me plaindre avec un meilleur chrono de la saison, assorti à une belle 20e place».
Pour clore en beauté cette édition pour le moins prolifique de l’athlétisme suisse, le relais 4 x 400 m s’est fait plaisir en prenant part à sa première finale mondiale. Évidemment la tâche des protégées de Peter Haas est insurmontable et la 8e place était inéluctable. Cependant Silke Lemmens, Julia Niederberger, Annina Fahr et Yasmin Giger ont fait mieux que de se défendre car elles ont couru en 3’27″81, soit une seconde et trente centièmes plus vite que la veille en séries. Voilà de quoi se réjouir pour les championnats d’Europe à Munich.

La belle vague de l’athlétisme suisse continue
Ces dix-huitièmes championnats du monde à Eugene ont confirmé une nouvelle fois la tendance à la hausse que l’athlétisme suisse a amorcée depuis les championnats d’Europe 2014 à Zurich. Jamais la Suisse n’avait décroché sept places dans le Top-8 lors de cette compétition, de surcroît avec une équipe jeune : Simon Ehammer et Annik Kälin ont 22 ans, Angelica Moser en a 24 et l’équipe du relais 4 x 400 m respire aussi la jeunesse. À 30 ans, Mujinga Kambundji elle-même est au top de son art.
Philipp Bandi, chef de sport de performance à Swiss Athletics sait sur quoi repose le succès helvétique : les mesures mises en place pour Zurich 2014, à l’instar de l’UBS Kids-Cup et du projet des Swiss Starters sont d’importance. Le titre européen de Kariem Hussein au 400 m haies en 2014 à Zurich a montré à bon nombre d’athlètes qu’il était possible de réaliser de grandes choses sur le plan international. Mujinga Kambundji, Selina Büchel, Lea Sprunger, Ajla Del Ponte, Angelica Moser, Annik Kälin ou Simon Ehammer ont suivi et sont devenus des exemples pour tous les jeunes athlètes suisses.
En 2022, l’athlétisme suisse est apparemment plus fort que jamais; plus fort même qu’à l’époque de l’âge d’or, c’est-à-dire durant les années ’80, quand Markus Ryffel, Roland Dalhaüser, Pierre Délèze, Werner Günthör, Cornelia Bürki, Sandra Gasser, Anita Protti ou Julie Baumann en étaient les vedettes incontestées.
En guise de conclusion, Philipp Bandi atteste que le bilan est très réjouissant et que nous pouvons être très satisfaits car les chiffres montrent les belles performances de la délégation helvétique. Et la médaille de Simon Ehammer au saut en longueur est la cerise sur le gâteau.

PAB

Résultats

Hommes
200 m : 32. William Jeff Reais (LC Zürich) 20″71
400 m : 34. Ricky Petrucciani (LC Zürich) 46″60 en séries
110 m haies : 23. Jason Joseph (LC Therwil) 13″49 en séries et 13″67 en demi-finales
400 m haies : 28. Julien Bonvin (CA Sierre) 50″40 en séries
Hauteur : 22. Loïc Gasch (US Yverdon) 2,21 m en qualifications
Longueur :   3. Simon Ehammer (TV Teufen) 8,16 m / 8,09 m en qualifications
29. Benjamin Gföhler (LC Zürich) 7,41 m en qualifications
Femmes
100 m :   5. Mujinga Kambundji (ST Bern) 10″91 / 10″97 en séries et 10″96 en demi-finales
34. Géraldine Frey (LK Zug) 11″30 en séries
37. Ajla Del Ponte (US Ascona) 11″41 en séries
200 m :   8. Mujinga Kambundji 22″55 / 22″34 en séries et 22″05 (record suisse) en demi-finales
400 m : 38. Silke Lemmens (LC Zürich) 52″86
800 m :   9. Lore Hoffmann (ATHLE.ch) 2’01″63 en séries et 1’59″88 en demi-finales
100 m haies : 13. Ditaji Kambundji (ST Bern) 13″12 en séries et 12″70 en demi-finales
20. Noemi Zbären (SK Langnau) 13″00 en séries et 12″94 en demi-finales
400 m haies : 24. Yasmin Giger (LC Zürich) 55″90 en séries et 56″31 en demi-finales
3000 m st. : 13. Chiara Scherrer (TG Hütten) 9’22″15 en séries
Perche :   8. Angelica Moser (LC Zürich) 4,60 m / 4,35 m en qualifications
Heptathlon :   6. Annik Kälin (AJ TV Landquart) 6’464 p (record suisse) (13″17 – 1,74 m – 13,71 m – 24″05 |
6,56 m – 48,25 m – 2’17″49)
4 x 100 m :   7. Géraldine Frey / Mujinga Kambundji / Salomé Kora (LC Brühl) / Ajla Del Ponte 42″81 /
Géraldine Frey / Sarah Atcho (Lausanne-Sports) / Salomé Kora / Ajla Del Ponte 42″73
en séries
4 x 400 m :   8. Silke Lemmens / Julia Niederberger (LA Nidwalden) / Annina Fahr (TV Unterstrass) /
Yasmin Giger 3’27″81 / 3’29″11 en séries

 

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Photos : ATHLE.ch + Screenshots TV (RTS Sport + Eurosport)

 

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