La préparation hivernale en vue de la saison 1964 s’est extrêmement bien déroulée et les événements se précipitent pour Meta Antenen, âgée maintenant de 15 ans. Le 31 mai elle saute 1,52 m en hauteur et surtout elle court le 80 m haies en 11″7, un chrono qui correspondait encore l’an dernier au record suisse. Elle enchaîne ensuite par une sélection pour le match Suisse-Autriche-Suède à Zurich. En compagnie de sa camarade de club Arlette Küng, Meta perçoit à peine cette première mission internationale. Plus tard lors d’un match à Paris, Meta réalise une performance de 5,60 m au saut en longueur, sans même remarquer que le record suisse est de 5,61 m.
Premier record suisse à Friedrichshafen, puis premier titre en élite à Lausanne
Une semaine plus tard, le 26 juillet, elle bat son premier record suisse en élite lors des championnats du Bodensee à Friedrichshafen. Meta Antenen améliore de trois centimètres le record vieux de quatre ans de Fry Frischknecht (LC Brühl St.Gallen) avec 5,64 mètres. Elle devient ainsi la plus jeune détentrice d’un record d’athlétisme féminin suisse. Au début du mois de septembre, Meta court le 100 m en 12″5, puis elle prend part aux championnats suisses élite à Lausanne, une ville en pleine effervescence grâce à l’Exposition Nationale ’64. Au stade Olympique de la Pontaise, elle remporte son premier titre national au saut en longueur avec 5,47 m et elle termine deuxième du 80 m haies juste derrière la recordwoman Elisabeth Ermatinger (LC Zürich). En fin de saison à Innsbruck, Meta remporte trois épreuves et revient à la maison avec un magnifique trophée donné par l’ancien ministre des affaires étrangères autrichien M. Bruno Kreisky.
A seulement 15 ans, Meta Antenen remporte en 1964 à Lausanne son premier titre suisse en élite
Blindage
Ces succès ont également eu d’autres effets. La presse s’est attaquée à la personne dont on parlait presque tous les week-ends. Un nouveau visage, jusque-là inconnu, tellement jeune et qui n’entre pas dans les standards. Les journalistes sont venus grouiller autour d’elle comme des abeilles sur le miel. Meta Antenen a dû demander de l’aide à son entraîneur Jack Müller, qui a su canaliser la meute. De fil en aiguille, la plupart des journalistes ont compris et accepté l’attitude du binôme par rapport à la presse. D’un autre point de vue, la publicité était tout de même bonne pour l’athlétisme suisse, pour la ville et pour le club de Schaffhouse, ainsi que, peut-être un peu quand même, pour Meta et Jack.
Les quatre conspiratrices
La saison 1964 a apporté au LC Schaffhausen non seulement les succès de Meta Antenen et d’Arlette Küng, mais ceux tous ceux de la jeune équipe des femmes, qui a pu prospérer à merveille. Ursula Fischer et Vreni Handschin, en particulier sur le sprint court, se sont révélées être deux athlètes talentueuses et travailleuses. A l’automne 1964, un projet a mûri afin de préparer ces quatre Schaffhousoises pour le 4 x 100 m des championnats suisses de relais à Thoune. Depuis 1957, l’escadron féminin du LC Zürich remportait tous les succès face à leurs éternelles rivales, les filles d’Old Boys Basel. Les quatre se sont montrées enthousiastes à propos de ce projet, qui a débuté dans la région de Rheinhardwald où le club a mis en place un petit camp d’entraînement. A cette époque, une cabane de bûcheron sert de vestiaires. Dans cette vieille hutte, la première pierre de cet objectif a été posée. Tout au long de l’hiver, dans le froid, l’humidité, la neige et la boue, Arlette, Meta, Ursula et Vreni se sont rencontrées ici tous les samedis pour un entraînement de courses. 
Chaque fois, un relais de 4 x 100 m est exécuté à la fin de l’entraînement. Bien entendu, un circuit de 400 mètres n’est pas disponible. Il a simplement été mesuré sur la route forestière à proximité de la cabane avec un marquage des lignes de passage de témoin. Pour la petite histoire, le chronométreur doit revenir rapidement du début à la fin via un raccourci. Les temps et le line-up sont soigneusement enregistrés sur un carton, qui se ramollit immanquablement dans la hutte humide semaine après semaine. Lorsqu’un des chronos est moins bon, il y a un commentaire tel que neige fraîche ou mauvais changement. La motivation est telle que toutes les athlètes attendent avec impatience le printemps et l’entraînement sur la piste en cendrée. Bien sûr, même si la préparation a été excellente, toutes les quatre savent parfaitement qu’elles ne pourraient battre les coureuses zurichoises qu’à condition de passer le témoin à la perfection. Meta, qui prépare bien sûr ses disciplines individuelles au 100 mètres, au saut en longueur et au 80 m haies, montre qu’elle a également un bon sens du travail d’équipe. «Étant dépendant les uns des autres et de l’objectif commun, il m’a été facile de pratiquer ces passages à la fin de mes entraînements», a déclaré Meta rétrospectivement.
Lors des premiers meetings du printemps 1965, les quatre athlètes ont déployé des efforts considérables et spécialement Meta. Le 23 mai, elle améliore de quatre centimètres son record suisse du saut en longueur avec 5,68 m, puis le 5 juin elle égale le record suisse du 80 m haies d’Elisabeth Ermatinger avec 11″4. Lors d’une compétition interclubs à Zurich, la première victoire du LC Schaffhausen sur le LC Zürich au relais 4 x 100 mètres a fait l’effet d’une bombe. Les espoirs apparemment petits au cours des derniers mois semblent devenir forts. Le 20 juin, remplis d’énergie et de volonté, les Schaffousoises sont parties à cinq heures du matin en voiture pour rallier Thoune, où ont lieu les championnats suisses de relais. L’optimisme a reçu un coup d’étouffement lorsqu’elles sont arrivées à destination avec les jambes un peu raidies et qu’elles ont vu les sprinteuses zurichoises sortir toutes fraîches de leur hôtel. Mais après une pause stimulante, les quatre filles du LCS ont pu étaler leur talent en remportant leur série en 49″6, meilleur temps à ce stade de compétition. Ce n’est pas extraordinaire car le LCZ, qui a participé à une autre série, n’a couru que pour la victoire. Les quatre Schaffhousoises restent les favorites; mais seront-elles à la hauteur de ce test nerveux ? Arlette Küng, l’étudiante en médecine, a massé ses trois compagnes pour la première fois. Du thé spécial a été bu et des petits pains spéciaux ont été mangés. Le haut-parleur du stade a enfin annoncé la finale du 4 x 100 m des femmes. Un journaliste a décrit la course à sa façon : «Sur le couloir trois, Ursula Fischer a bien lancé le LC Schaffhausen. Arlette Küng, la coureuse la plus rapide de Suisse, a fait une brillante course dans la ligne opposée et elle a également très bien transmis le témoin à Vreni Handschin. Avec élégance, cela se passe bien dans la courbe. Le LC Zürich, qui court à l’intérieur, a maintenant le chemin le plus court et peut comme prévu passer en tête. Mais encore une fois un changement brillant des Schaffhousoises leur permettent d’être au contact. Meta Antenen a commencé sa ligne droite et avec sérénité, elle a balayé la piste, rattrapé la Zurichoise et franchi la ligne d’arrivée en toute confiance. Le LC Schaffhausen remporte le titre suisse en 49″4, devant le LC Zürich et Old Boys Basel. Quelle course fantastique». La joie des gagnantes est indescriptible car un rêve est devenu réalité. Surtout, la jeune Meta a appris pour la première fois que le succès peut être planifié, mais aussi que celui-ci doit enfin être combattu sur la piste.
Au dernier passage, le LC Zürich est encore en tête. Mais Meta Antenen va déployer sa foulée et remporter le titre suisse
Après cette belle passe d’armes, Meta Antenen confirme qu’elle est en pleine progression technique et chronométrique. Le 26 juin, elle améliore à Bâle le record suisse du saut en longueur de seize centimètres grâce à ses jolis 5,84 m. Elle court trois jours plus tard un 80 m haies lors du meeting international de Zurich où elle égale une nouvelle fois le record suisse avec 11″4. Cet enchaînement de succès se prolonge le 3 juillet, sur son stade à Schaffhouse, où elle réussit à grappiller un petit centimètre à son record suisse du saut en longueur : 5,85 m.
PAB
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Meta Antenen – La première icône féminine de l’athlétisme suisse
Episode 3 / 20 : Polémiques, formation professionnelle et premier pentathlon
Meta Antenen
| Titre | Saison | Thème | Site | |
|---|---|---|---|---|
| Preview | 1960-1976 | Meta Antenen, la première icône féminine |  |  |
| Accueil | 1960-1976 | Meta Antenen, la première icône féminine | | |
| Episode 1 | 1960-1963 | Du ballet à l'athlétisme | | |
| Episode 2 | 1964-1965 | Premiers records et titres en élite | | |
| Episode 3 | 1965 | Polémiques, formation et premier pentathlon | | |
| Episode 4 | 1966 | Connexion avec le sommet européen | | |
| Episode 5 | 1966 | Une chercheuse d'or en Russie | | |
| Episode 6 | 1967 | Objectif : Jeux Olympiques de Mexico | | |
| Episode 7 | 1968 | Une année olympique difficile à gérer | | |
| Episode 8 | 1969 | Le chef-d'oeuvre de Liestal | | |
| Episode 9 | 1969 | La remontada au pentathlon d'Athènes | | |
| Episode 10 | 1970 | Une année de transition | | |
| Episode 11 | 1971 | Un exploit de taille à Bâle | | |
| Episode 12 | 1971 | La Grande Dame d'Helsinki | | |
| Episode 13 | 1971 | Le temps des récompenses | | |
| Episode 14 | 1972 | Une année olympique prometteuse | | |
| Episode 15 | 1972 | Les Jeux Olympiques de Munich | | |
| Episode 16 | 1973 | Des progrès sur 100 m haies | | |
| Episode 17 | 1974 | Enfin un titre européen en salle | | |
| Episode 18 | 1974 | Les championnats d'Europe à Rome | | |
| Episode 19 | 1975 | Deux blessures gâchent la saison | | |
| Episode 20 | 1976 | Une troisième quête olympique | | |
| Bilans | 1960-1976 | Les palmarès et les statistiques | | |
| Livre | 1960-1976 | Meta Antenen, la première icône féminine | | |
| Highlight | 06.07.1969 | Le chef-d'oeuvre de Liestal | | |
| Highlight | 17.09.1969 | Vice-championne d'Europe du pentathlon | | |
| Highlight | 25.07.1971 | Une perf de taille dans le vent | | |
| Highlight | 14.08.1971 | La Grande Dame d'Helsinki | | |
| Highlight | 31.08.1972 | Les Jeux Olympiques de Munich | | |
| Highlight | 10.03.1974 | Championnats d'Europe en salle à Göteborg | | |
