Pensée athlétique | Notre idéal transhumaniste est un dangereux leurre COVID-19 | La crise liée au coronavirus amène aussi quelques « bienfaits ». L’un d’entre eux est le scepticisme à l’égard de notre idée transhumaniste d’une vie améliorée, sans souffrance, sans problème, sans mort.

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Tout athlète le sait :  

– Il faut détruire pour mieux reconstruire
– Il y a du plaisir dans la souffrance
– Le corps et la tête n’avancent pas l’un sans l’autre
– Le monde et p̵a̵r̵f̵o̵i̵s̵ souvent cruel
– On ne peut pas faire illusion bien longtemps
– En cherchant le progrès, on risque sans cesse de tomber, se blesser, s’épuiser  

Tout ça, notre société occidentale a tendance à (vouloir) l’oublier. Au nom de ce qu’on appelle «l’idéal transhumaniste» méchamment mis à mal par la crise actuelle… Rappel important (et 1000 autres choses!) à retrouver ces jours sur www.PHUSIS.ch/philosophie-blog.  

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Bien sûr, dans un moment, la pandémie de Covid-19 ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Mais plus rien ne sera comme avant : nos manières de faire, notre confiance seront ébranlés. Tout sera à reconstruire : les habitudes à retrouver, à réinventer. Ce ne sera pas toujours facile, parce que nos bases sont méchamment touchées.

Mais les ébranlements dû à l’épidémie ne sont pas tous négatifs. La perte de la confiance en la maîtrise de toute chose par l’homme compte parmi les rares « bienfaits ». Dans quelques semaines, on aura pris conscience que d’autres virus, d’autres problèmes, d’autres catastrophes nous pendent au nez. Et que la science et la technique, même à leur plus haut niveau, ne parviendront jamais à supprimer ce que nous appelons le « mal » : la souffrance et la mort. Et nous y penserons tous les jours, comme les générations sorties de la guerre.

Telle sera l’évidence, tragique : chaque victoire sur le « mal » ne fait que repousser, déplacer, complexifier les problèmes et les maux. Nos idéaux – transhumanistes, mais aussi d’amour parfait, de bonheur assuré, de santé jusqu’au plus grand âge – ne sont que des leurres : des appâts qui nous attirent et, en même temps, nous abusent.

Comment en est-on arrivé là ?
Un jour, il y a longtemps, au 4e siècle avant Jésus-Christ, en Grèce ancienne, un certain Platon – le fondateur de notre tradition – a découvert dans sa pensée, en faisant abstraction du monde sensible, le « monde idéal », devenu jauge et mesure du monde ici et maintenant.

Chaque phénomène, Platon l’interroge comme nous le faisons aujourd’hui encore. Il demande : qu’est-ce que cette chose-ci, cette chose-là ? L’amour, la justice, la beauté, la nature ? La réponse, il la trouve toujours à partir de ses idées, qui constituent le monde idéal. Monde idéal qu’il plaque sur la réalité, pour la comprendre et y vivre.

Ce monde idéal, Nietzsche le reconnaît (à la fin du 19e siècle) comme une erreur, une fiction que s’invente Platon parce qu’il ne supporte pas la réalité en son va-et-vient de. Pourtant, en dépit de cette reconnaissance, le monde idéal continue à nous imprégner dans tous nos faits et gestes. Dans tout ce que nous faisons, ce sont nos idées qui priment, qui nous guident – bien plus que la vie elle-même, que nous voudrions idéale.

Il n’en va pas autrement pour les ingénieurs et scientifiques. Forts de techniques et de résultats toujours plus pointus, toujours meilleurs, ils s’évertuent, comme l’a fait pour la première fois Platon, à réaliser dans le sensible, dans la vie ici et maintenant, le monde idéal telle qu’ils se l’imaginent : de toute beauté, de toute bonté, de toute pureté et donc… sans souffrance ni mort. Sans se rendre compte que leur modèle n’est qu’un fantasme, une illusion : une dangereuse mécompréhension de la vie, inexorablement marquée par le déclin, la souffrance et la mort, qui sont à vrai dire les grands stimulants de nos existences.

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