« Le Match » Europe vs USA : Lea Sprunger 2e, l’Europe victorieuse COMPÉTITION INÉDITE | Lea Sprunger (COVA Nyon) était la seule Helvète en lice au « Match » – nouvelle compétition qui opposait à Minsk en Biélorussie l’Europe aux Etats-Unis. Mardi soir, la championne d’Europe a fait très bonne figure et terminé deuxième du 400 m haies en 55"46. L’Europe a ultra-dominé les USA, présents avec une deuxième, voire troisième garniture. Commentaires ci-dessous.

Photo : (c) Belarus News

Grande première lundi et mardi à Minsk, avec le « Match » : lutte entre l’Europe et les Etats-Unis, avec pour chacune des 37 disciplines au programme 4 Européens opposés à 4 Américains pour la récolte de 9-7-6-5-4-3-2-1 points en fonction du classement individuel. Dès la première journée, la vieille Europe s’est détachée des USA pour finalement lui mettre la pâtée : 724,5 points contre 601,5.

Road to Doha pour Lea Sprunger
Auteur d’une bonne course, solide, en gardant l’étincelle de folie pour les Mondiaux de Doha, Lea Sprunger a fait une course… habituelle : 14 foulées jusqu’à la 5e haie, puis 15, et enfin 16 sur les derniers obstacles. Alors qu’elle pointe au 4e rang à l’entrée de la dernière ligne droite, la championne d’Europe bénéficie de la chute sur le dernier obstacle de la leader américaine Ashley Spencer, revient fort après la 10e, pour passer l’Anglaise Meghan Beesley (55″49) et finir en 55″46 sur l’épaule de sa dauphine de l’Euro 2018 Anna Ryzhakova (55″32). Après 300 premiers mètres parfaits au Weltklasse Zürich, puis une fin de course du tonnerre au Gala dei Castelli, Sprunger a réservé pour Doha les courses parfaites, avec départ rapide et fin en 15 foulées.

Commentaires | « The Match », nouvelle compétition très intéressante

Alors que d’aucuns étaient sceptiques, le « Match » est apparu de grand intérêt, pour quantité de raisons, qui donnent envie d’une deuxième édition – non sans penser avec fierté à notre bon vieux Match des 6 cantons :

  • Lundi et mardi, à la fin de l’entraînement, sur les stades par chez nous, on a tout à coup entendu des athlètes se demander : « Tu regardes le match, ce soir ? » – un sourire en coin.

  • Alors que les Américains étaient habillés en… Américains (USA + Nike), les Européens sont apparus dans des tenues neutres, orange et blanche, de beauté relative. Sus à la promotion commerciale et au cartel des marques ! De quoi forcer de regarder les athlètes autrement, de plus près.

  • Comme il n’existe pas de drapeau européen, les athlètes sont apparus sur les listes avec le drapeau de European Athletics : le même que celui qui flanque les athlètes « ANA », Athlètes Neutres Autorisés (les Russes qui montrent patte blanche). De quoi se poser des questions : « Qui c’est, lui, déjà ? De quel pays elle est, elle ? » Pour les Russes comme pour tous les autres.

  • Lundi, comme de coutume, les vainqueurs américains ont été enroulés dans leur drapeau national. Alors que les Européens se contentaient de se réjouir les mains vides. Nouveauté mardi : les Européens avaient eux aussi leur drapeau : celui de… European Athletics (et donc des athlètes ANA).

  • En tout, les Européens ont récolté bien plus de victoires que les Américains. Signe de niveau inédit de l’athlétisme continental ? Non : la saison américaine est terminée depuis longtemps ; la majorité des stars US n’a pas fait le déplacement et prépare Doha. Sur le 400 m haies féminin, par exemple : mis à part Ashley Spencer, les Américaines présentes n’étaient pas même dans le… Top 20 ( !) national.

  • Dans les disciplines techniques, il y avait, d’un côté les Américains, de l’autre les Européens, ensemble. Pour un climat aussi inédit qu’intéressant pour notre sport, fraternel, fratricide et joueur à la fois.

  • A la longue, le Match permet de se rendre compte de deux choses : 1) de l’inégalité des chances pour un Américain face à un Européen de participer à un grand championnat international (seuls 3 athlètes par pays sont sélectionnables) ; 2) pourquoi les Américains dominent à tel point la scène internationale (parce que c’est un immense pays avec quantité d’Etats qui ne sont pas des nations).

  • Prisonniers de leurs réflexes old school, les commentateurs et la régie TV n’ont pas réussi à valoriser le Match, dont l’enjeu n’est pas comme d’habitude la victoire individuelle, la performance pure, mais le classement par équipe. Exemple, sur le 200 m féminin : nos amis de France 4 se sont exclamés : « Grande domination comme toujours des Etats-Unis ! » Bien sûr, Brittany Brown a gagné la course en 22″61, Kyra Jefferson a terminé troisième en 22″99, mais les deux autres Américaines étaient des pives et au final c’est l’Europe qui a gagné (18 à 17) le match de la discipline.

  • Comme les Championnats suisses jeunesse le week-end passé, la plupart des journaux suisses ont passé le Match sous silence, hormis le résultat de Sprunger.

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